Quelle est la place de la « masse » dans un système
sorcier ?
En a-t-elle une seulement ? Et laquelle ?
Bien sûr !
Dans un système sorcier, on reconnaît généreusement à chaque membre de la
« masse » un certain nombre de droits:
le droit d'être obligé, pour survivre, de louer sa force de travail à des
employeurs tout-puissants, aux conditions qui sont les leurs (et de fermer sa
gueule)
le droit d'être réquisitionné au moyen de la force publique (et de fermer sa gueule)
le droit d'être réquisitionné au moyen de la force publique (et de fermer sa gueule)
et le droit de se démerder (kobeta cop, kofina kanyaka, kosenga avocat,
kofeinter, kosala nzing-nzong ou nzo-nzing, kosala shay, kokamata ligne 11,
etc)
et le droit de tromper la faim, de sucer la ficelle du rôti (comme disent
les Bulankos) ou une feuille de bananier ayant servi à emballer une kwanga, de
ronger du bois ou des racines
ou de manger des chiens et des chats (niama ya sima ya ndako)
ou de mâcher du qat (comme en Somalie) ou des galettes d'argile (comme en
Haïti) ou de feuilles de coca (comme en Bolivie) pour couper l'appétit et
oublier, oublier et encore oublier... oublier toutes les emmerdes, toutes les injustices, toutes les
violences, tous les manques et toutes les privations
et le droit de forniquer et de se reproduire
et le droit d'assister à quelques grands spectacles organisés par les
sorciers : un match de boxe (ou de catch),
une exécution publique, une apparition papale, une course cycliste ou un concert
de musique sponsorisé par une grande brasserie de la place, des élections boutiquées ou
des tournois de sorciers , opposant le uns aux autres, dans des joutes
sans merci, des sorciers régaliens, feudataires,
légataires, proconsulaires ou territoriaux, dans la presse ou au stade des Martyrs
et le droit d'applaudir les vainqueurs et de huuuuuer les vaincus
et de partager la parole du Seigneur
et de payer les tributs les plus divers, en espèces ou en nature,
levés par les sorciers : mouture, champart, abeillage, taille, glèbe,
corvée, ost, ban, mortaille, gabelle, aubaine, bâtardise, affeurage, minage,
forage, terrage, péage, gélinage, géôlage, mainmorte, mouvance, dîme, patente,
capitation, cuissage...
et même une "taxe sur la cueillette des chenilles" !
et même une "taxe sur la cueillette des chenilles" !
Sorciers, "services" et crapuleux d'une part et, de l'autre, la
« masse » : les gens d'en bas, le petit peuple, les babola...
Et pour la population, pour les gens d'en-bas-d'en-bas-d'en-bas (comme dirait le chauffeur de ministre à qui André Yoka Lye Mudaba donne la parole... et une sacrée parole !), les sorciers sont tous des despotes et des privilégiés.
Et pour la population, pour les gens d'en-bas-d'en-bas-d'en-bas (comme dirait le chauffeur de ministre à qui André Yoka Lye Mudaba donne la parole... et une sacrée parole !), les sorciers sont tous des despotes et des privilégiés.
Peu importe finalement qu'ils prétendent s'inspirer de la
« science » et du FMI ou qu'ils jouent les m'as-tu-vu et les
fier-à-bras : ata éclairés (entretenant, dans leur arrière-cour, un
poulailler de philosophes-conseils salariés et complaisants) ou brutes épaisses (ne vivant que pour
leurs chevaux, leurs molosses, la chasse, la guerre et le forcement des
filles)... ata « scientifiques » ou sans instruction... les sorciers,
de l'avis général de la population, sont tous des despotes et des privilégiés.
Quelle que soit la configuration du pouvoir en place (la monarchie, la colonie, la
dictature, la "démocratie"), le pouvoir des sorciers est toujours absolu, arbitraire et
oppressif et la démocratie « à la mode de chez nous »
(une démocratie sorcière, une pseudo-démocratie, héritière tout
à la fois de l'absolutisme colonial et de la dictature
mobutienne, une "post-démocratie" qui se prétend "nationaliste"... pour ne devoir
rendre de comptes à personne... et surtout pas au peuple dont elle s'est
appropriée la souveraineté) dont les sorciers se prévalent
quelquefois avec balourdise et arrogance... se confond immanquablement avec la
raison du plus fort !
Et ne s'entend certainement pas comme le gouvernement de tous en fonction des intérêts de chacun.
Et ne s'entend certainement pas comme le gouvernement de tous en fonction des intérêts de chacun.
Oui mais... les ministres ? Ne sont-ils pas les serviteurs du peuple ?
- Le peuple, fieu ?
- Eh oui, Nat, le peuple !
- Avec quoi tu viens maintenant ! Quel peuple ?
Dans un système sorcier, les ministres membres du Grand Conciliabule, sont exclusivement
au service de la Haute Hiérarchie... et de leurs intérêts personnels. Tous,
tant qu'ils sont, qu'il s'agisse de sorciers régaliens (faisant partie de la
garde rapprochée de la Haute Hiérarchie) ou de sorciers feudataires (vassaux ou
alliés de circonstance de cette même Haute Hiérarchie).
Les uns et les autres, régaliens ou feudataires, sont tous des prébendiers et des prédateurs, pratiquant le management par la dîme… Tout en s'en défendant vivement : « Corruption ? C'est vite dit ! Disons plutôt qu'il s'agit d'une simple application de la loi de l'offre et de la demande ! Comme dans toute économie de marché !»
Les uns et les autres, régaliens ou feudataires, sont tous des prébendiers et des prédateurs, pratiquant le management par la dîme… Tout en s'en défendant vivement : « Corruption ? C'est vite dit ! Disons plutôt qu'il s'agit d'une simple application de la loi de l'offre et de la demande ! Comme dans toute économie de marché !»
Ces sorciers n'ont de compte à rendre...
- Au peuple, Nat ?
- Ata yo moko ! Quel peuple ?
- Le peuple, quoi !
- Cesse de distraire les gens sérieux avec tes histoires de peuple,
fieu !
- Comment ça, Nat ?
- On a des choses beaucoup plus importantes à faire, fieu ?
qu'à la Haute Hiérarchie et aux « services » d'Ysengrin.
Ils ont d'ailleurs habituellement été choisis avec l'aide des « services » qui jouent alors le rôle d'agence de placement, de comité de sélection ou de chasseur de têtes, dont l'avis favorable est toujours requis pour leur nomination et qui peuvent également provoquer leur chute..
Ils ont d'ailleurs habituellement été choisis avec l'aide des « services » qui jouent alors le rôle d'agence de placement, de comité de sélection ou de chasseur de têtes, dont l'avis favorable est toujours requis pour leur nomination et qui peuvent également provoquer leur chute..
Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
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