mercredi 30 mars 2016

SCC10/19 - Les droits de la masse


Quelle est la place de la « masse » dans un système sorcier ?
En a-t-elle une seulement ? Et laquelle ?

Bien sûr !
Dans un système sorcier, on reconnaît généreusement à chaque membre de la « masse » un certain nombre de droits:
le droit d'être obligé, pour survivre, de louer sa force de travail à des employeurs tout-puissants, aux conditions qui sont les leurs (et de fermer sa gueule)
le droit d'être réquisitionné au moyen de la force publique (et de fermer sa gueule)
et le droit de se démerder (kobeta cop, kofina kanyaka, kosenga avocat, kofeinter, kosala nzing-nzong ou nzo-nzing, kosala shay, kokamata ligne 11, etc)
et le droit de tromper la faim, de sucer la ficelle du rôti (comme disent les Bulankos) ou une feuille de bananier ayant servi à emballer une kwanga, de ronger du bois ou des racines
ou de manger des chiens et des chats (niama ya sima ya ndako)
ou de mâcher du qat (comme en Somalie) ou des galettes d'argile (comme en Haïti) ou de feuilles de coca (comme en Bolivie) pour couper l'appétit et oublier, oublier et encore oublier... oublier toutes les emmerdes, toutes les injustices, toutes les violences, tous les manques et toutes les privations
et le droit de forniquer et de se reproduire
et le droit d'assister à quelques grands spectacles organisés par les sorciers : un match de boxe (ou de catch), une exécution publique, une apparition papale, une course cycliste ou un concert de musique sponsorisé par une grande brasserie de la place, des élections boutiquées ou des tournois de sorciers , opposant le uns aux autres, dans des joutes sans merci, des sorciers régaliens, feudataires, légataires, proconsulaires ou territoriaux, dans la presse ou au stade des Martyrs
et le droit d'applaudir les vainqueurs et de huuuuuer les vaincus
et de partager la parole du Seigneur
et de payer les tributs les plus divers, en espèces ou en  nature, levés par  les sorciers : mouture, champart, abeillage, taille, glèbe, corvée, ost, ban, mortaille, gabelle, aubaine, bâtardise, affeurage, minage, forage, terrage, péage, gélinage, géôlage, mainmorte, mouvance, dîme, patente, capitation, cuissage...
et même une "taxe sur la cueillette des chenilles" !

Sorciers, "services" et crapuleux d'une part et, de l'autre, la « masse » : les gens d'en bas, le petit peuple, les babola...

Et pour la population, pour les gens d'en-bas-d'en-bas-d'en-bas (comme dirait le chauffeur de ministre à qui André Yoka Lye Mudaba donne la parole... et une sacrée parole !), les sorciers sont tous des despotes et des privilégiés. 
Peu importe finalement qu'ils prétendent s'inspirer de la « science » et du FMI ou qu'ils jouent les m'as-tu-vu et les fier-à-bras : ata éclairés (entretenant, dans leur arrière-cour, un poulailler de philosophes-conseils salariés et complaisants) ou brutes épaisses (ne vivant que pour leurs chevaux, leurs molosses, la chasse, la guerre et le forcement des filles)... ata « scientifiques » ou sans instruction... les sorciers, de l'avis général de la population, sont tous des despotes et des privilégiés.

Quelle que soit la configuration du pouvoir en place (la monarchie, la colonie, la dictature, la "démocratie"), le pouvoir des sorciers est toujours absolu, arbitraire et oppressif et la démocratie « à la mode de chez nous » (une démocratie sorcière,  une pseudo-démocratie, héritière tout à la fois de l'absolutisme colonial et de la dictature mobutienne, une "post-démocratie" qui se prétend "nationaliste"... pour ne devoir rendre de comptes à personne... et surtout pas au peuple dont elle s'est appropriée la souveraineté)  dont les sorciers se prévalent quelquefois avec balourdise et arrogance... se confond immanquablement avec la raison du plus fort ! 
Et ne s'entend certainement pas comme le gouvernement de tous en fonction des intérêts de chacun.

Oui mais... les ministres ? Ne sont-ils pas les serviteurs du peuple ?
- Le peuple, fieu ?
- Eh oui, Nat, le peuple !
- Avec quoi tu viens maintenant ! Quel peuple ?
Dans un système sorcier, les ministres membres du Grand Conciliabule, sont exclusivement au service de la Haute Hiérarchie... et de leurs intérêts personnels. Tous, tant qu'ils sont, qu'il s'agisse de sorciers régaliens (faisant partie de la garde rapprochée de la Haute Hiérarchie) ou de sorciers feudataires (vassaux ou alliés de circonstance de cette même Haute Hiérarchie). 
Les uns et les autres, régaliens ou feudataires, sont tous des prébendiers et des prédateurs, pratiquant le management par la dîme… Tout en s'en défendant vivement : « Corruption ? C'est vite dit ! Disons plutôt qu'il s'agit d'une simple application de la loi de l'offre et de la demande ! Comme dans toute économie de marché !»

Ces sorciers  n'ont de compte à rendre...
Au peuple, Nat ?
- Ata yo moko ! Quel peuple ?
- Le peuple, quoi !
- Cesse de distraire les gens sérieux avec tes histoires de peuple, fieu ! 
- Comment ça, Nat ?
- On a des choses beaucoup plus importantes à faire, fieu ?
qu'à la Haute Hiérarchie et aux « services » d'Ysengrin. 
Ils ont d'ailleurs habituellement été choisis avec l'aide des « services » qui jouent alors le rôle d'agence de placement, de comité de sélection ou de chasseur de têtes, dont l'avis favorable est toujours requis pour leur nomination et qui peuvent également provoquer leur chute..





Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire